Lundi 2 mai
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On ne dirait pas à première vue, mais l'étude de la sexualité du canard peut nous apporter des informations très intéressantes. Une petite image pour commencer:
Bon, j'admets que l'aspect du membre n'a rien de très excitant, l'image est juste là à titre informatif.
Par contre, un article paru dans Le Point (lien) est du plus haut intérêt.
Il cache bien son jeu, ce petit salopard d'emplumé. Oubliez le couple romantique qu'il forme avec sa dame cane, le canard cache l'âme d'un
ignoble violeur. La nature l'a doté d'un engin maousse, en moyenne une vingtaine de centimètres de long - jusqu'à 42,5 cm en érection chez une espèce argentine (Oxyura vittata) -
dont il n'hésite pas à se servir avec violence. Au repos, il le planque à l'intérieur de son corps pour ne pas donner l'alarme, et ressembler à la majorité des autres volatiles mâles qui se
contentent d'un cloaque (les malheureux !).
Cette particularité anatomique est connue depuis longtemps, mais il aura fallu attendre Patricia Brennan, écologiste de l'université de Yale, pour un peu mieux comprendre la sexualité des
anatidés. L'article scientifique qu'elle publie ce 23 décembre dans la revue Proceedings of the Royal Society B . surprendra même le Père Noël. Chez les canards, la guerre des sexes s'est
traduite, au fil de l'évolution, par une guerre du sperme au moyen d'organes sexuels extravagants.
Pour bien comprendre l'affaire, un rapide cours d'éducation sexuelle est nécessaire. Chez tous les animaux (l'homme y compris), les stratégies reproductives du mâle et de la femelle
s'opposent. Le premier ne cherche qu'à dispenser son sperme au maximum de femelles possible pour que ses gènes se répandent dans un grand nombre de descendants. Tandis que la deuxième, chargée
d'élever les enfants, sélectionne avec grand soin le futur père afin de ne pas se faire refiler des gènes de deuxième choix. C'est que, tout au long de sa vie, elle ne peut élever qu'un nombre
limité de petits. C'est donc une perpétuelle bagarre entre mâles et femelles pour assouvir, chacun, ses besoins bien spécifiques.
Peu porté sur le baratin amoureux, le canard a choisi voilà très longtemps d'agir sans le consentement de la belle quand la
situation l'impose. D'où l'adoption d'un pénis, de plus en plus long et de plus en plus efficace. Essayez donc de forcer une femelle avec un cloaque ! Très consciencieuse, Patricia Brennan a
filmé la manoeuvre avec une caméra vidéo opérant à grande vitesse. On voit l'agresseur grimper sur la cane, puis sa verge se déployer avec le caractère explosif d'un airbag. En moins d'une
demi-seconde, elle jaillit dans la plénitude de sa forme, spiralée comme un tire-bouchon, pénètre dans l'orifice récalcitrant, fait son dépôt, puis se retire flagada.
La principale découverte de Patricia, c'est que la cane n'est pas du genre à se laisser faire. Seulement, au lieu de se livrer à une prise de
bec contre son violeur, elle la joue subtil. Au fur à mesure que le pénis de son partenaire s'est allongé, elle a développé un vagin plein de chausse-trappes et de culs de sac.
Lui aussi est spiralé, mais en sens contraire du pénis, pour s'opposer à la pénétration. "Cette coévolution découle du conflit entre les sexes pour s'emparer du contrôle de la fertilisation"
explique-t-elle. Patricia a pu tester l'efficacité de la stratégie féminine en présentant au pénis du mâle des tubes de différentes formes. Quand ceux-ci convenaient, le phallus se déployait
efficacement. Au contraire, quand le tube imitait l'intérieur d'une femelle, le déploiement ne pouvait pas s'opérer. Encore une fois, c'est la femelle qui a le dernier mot !
À tous ceux qui voudraient me reprocher l'utilisation, par facilité, du mot viol, je les approuve par avance. Sachez tout de même que chez les animaux, la copulation forcée n'est qu'une stratégie parmi d'autres. Pas de connotation morale donc.
Alors, sont-ils toujours incapables d'être (non-)consentants ?
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