J'ai déjà abordé le sujet, mais je vais l'étudier ici plus en profondeur.

Récemment, j'ai vu sur un site (je ne sais plus lequel, mais peu importe) sur lequel un utilisateur lambda soutenait mordicus que seuls les primates -et apparentés- et les dauphins pratiquent le sexe pour le plaisir, les autres espèces en seraient incapables et le feraient "par instinct de reproduction", même en incluant les relations sexuelle non-fécondes. Mais est-ce vraiment le cas ? Qu'est-ce que les dauphins ont de si spécial pour être plus proches de nous que d'autres espèces sur ce tableau ?

La croyance selon laquelle le sexe "naturel" est uniquement pour se reproduire a la vie dure, et la déclaration ci-dessus n'est qu'une timide concession à la pensée contraire. Elle n'est d'ailleurs pas très logique:

1) On peut difficilement attribuer un "instinct reproducteur" à des relations sexuelles non-reproductrices, à plus forte raison si elles sont de type masturbatoire.

2) Il est désormais avéré que les animaux connaissent le plaisir (cf émotions animales de Karine-Lou Matignon), il est donc faux d'affirmer que les animaux sont incapables de faire un acte uniquement pour cela.

3) L'existence du plaisir sexuel serait selon certaines suppositions un avantage évolutif parce que constituant une motivation supplémentaire à faire un acte permettant d'assurer une descendance.

4) Les animaux ne font pas le lien entre le rapport sexuel et la reproduction. Il est en effet improbable qu'ils se disent "ah tiens, je vais assurer ma descendance", il semble plus plausible qu'ils soient motivés par autre chose.

5) Concernant les pratiques masturbatoires, il est avéré que ça provoque chez les animaux un certain soulagement et  parfois l'orgasme, ce qui rend difficile l'exclusion de l'existence d'une forme de plaisir sexuel.

6) La pratique du sexe n'a pas exclusivement lieu pendant les périodes de chaleurs et peut se produire en dehors. On peut difficilement attribuer cela à un instinct reproducteur.

7) Les chercheurs ont récemment découvert l'utilité du plaisir sexuel féminin, qui serait de contracter les muscles internes afin que l'acheminement dans le col de l'utérus soit facilité. Le rapport du CEA danois (qui je le rappelle est la seule étude un tant soit peu sérieuse faite sur le sujet) a noté que l'efficacité de la fécondation chez la jument était augmentée par une stimulation du clitoris. J'ai également lu il y a longtemps un témoignage d'Azertyzoulou où il disait avoir observé des contractions vaginales chez une jument. Sur un autre forum, il a montré des images d'une jument éprouvant un orgasme.

8) Sur certaines vidéos zoo (amateur, cette précision est importante), on peut voir le cheval donner sporadiquement des secousses, ce qui semble au moins indiquer que ça ne le laisse pas indifférent, et si on fait le lien avec une relation sexuelle entre humains (ce qui n'est peut-être pas inadéquat), on peut faire le rapprochement avec les petits cris et spasmes de plaisir qui ont lieu pendant le coït. Un autre exemple: pendant le coït, le lion pousse toujours un rugissement, ce qui peut traduire une sensation orgasmique, où tout du moins que ça lui fait de l'effet.

9) Les zones du cerveau commandant les organes génitaux ne peuvent pas fonctionner en même temps que ceux en relation avec tout type de désagrément.

10) Les chiens ont souvent recours à des jouets sexuels pour soulager une éventuelle érection spontanée, équivalent à "la trique du matin" chez les humains. Si on attribue le comportement sexuel à l'instinct seul, on peut difficilement expliquer comment une erection spontanée pourrait avoir lieu.

En bref, même si ce n'est pas encore scientifiquement prouvé, les faits observés associés à un minimum de bon sens plaideraient plutôt en faveur de l'existence d'une forme de plaisir sexuel, le postulat contraire apparaissant de plus en plus comme étant un héritage des diktats religieux (contre-antispécisme et rejet du plaisir sexuel)

Moi, je dis: chapeau à l'auteur. Il fallait oser !